Le marché peut-il devenir une ressource pour l’ancrage territorial des productions locales ?

Sous-titre Les enseignements des foires à thème de Corse et du Maroc
Mots clés Corse Maroc
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  • #05
Résumé La notion de ressource spécifique s’est développée comme une alternative opérationnelle et conceptuelle à une approche fondée sur les avantages comparatifs. La combinaison de facteurs de production inimitables ailleurs, du fait de leur association à des entités, des savoirs et des procédés non substituables, devait, pensait-on, faire obstacle à toute standardisation. Le dispositif Indication Géographique français assurait dans cette perspective une garantie légale couplée à une légitimité locale par la responsabilité offerte aux producteurs de définir eux-mêmes
les produits, les cahiers des charges et les aires de production. Au nord comme au sud, de nombreux exemples montrent pourtant que la spécification des ressources et des produits ne parvient pas à faire obstacle à une standardisation des procédés pas plus qu’elle n’évite une captation de la réputation, laquelle ne sert pas mécaniquement l’ancrage des identités alimentaires. La communication prend pour objet des processus de relance de petites productions locales intégrées au système alimentaire traditionnel. Il montre de quelles façons les activités marchandes et particulièrement les foires et les marchés locaux ont constitué une force d’ancrage décisive dans la relance. L’article prend appui sur les marchés de foire de Corse et du Maroc. Les deux situations fortement contrastées mettent en évidence que la construction d’une ressource spécifique ne peut se réduire aux seuls « facteurs de production ». Les activités marchandes constituent un ressort majeur, bien que souvent ignoré, du processus de spécification et d’ancrage en couplant les pratiques productives aux pratiques d’usages des productions. Les cadres produits par l’économie des spécificités se trouvent ainsi augmentés par les nombreux apports de la sociologie des marchés.
Abstract A consequence of globalization on rural territories is the multiplication of ways and places for marketing agricultural production. Conventional as well as new markets (direct sales “on the farm”, direct sales shops, grocery store, specialized store, supermarkets, e-commerce, merchant place, etc.) presently coexist on the same territories. This new commercial configuration impacts on the relations between territorial and extraterritorial productions on the one hand, and on the relationship between territorial productions and territorial construction on the other hand. The diversity of marketing ways and places may favor the valorization of local specificities, but it may also weaken their territorial attachment by blurring references allowing products’ recognition and valorization. Starting from an analysis of market places and their contribution to the valorisation of local food production, we question territorial anchoring (and de-anchorage) processes. Our contribution relies on examples of fairs and markets in Morocco and Corsica. We mobilize such concepts as “territorial identity” and “reputation” to analyze adjustments or misalignments between local resources and local foods induced by marketing choices. We examine the
roles of these choices in the formation and organization of territorial identities that
are considered significant by professional communities and local populations. We also discuss the conditions that allow market activities becoming instruments of collective action and empowerment that can reinforce territorial anchoring. Among these conditions, the extent to which the
governance of market places facilitates –or not- the interaction between local communities, government institutions and public action appears to be central.
Année de publication 2020
Discipline
  • Géographie
  • Economie
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