La viande de chevreau de l’arganeraie : une spécificité embarrassante ?
Sous-titre
Heurs et malheurs d’une initiative de certification
Auteur.e.s
NumerosImpromptus
- #05
Résumé
L’arganeraie marocaine, écosystème unique, producteur d’une huile au succès international, est considérée comme un écosystème « naturel » menacé par son utilisation pastorale. Cette vision est empreinte de fausses représentations car l’arganeraie d’aujourd’hui est le résultat d’une cohabitation multiséculaire entre l’homme, les animaux domestiques et les arbres. Les produits d’élevage caprin de l’arganeraie sont très réputés au Maroc pour leurs propriétés remarquables. Mais un projet de certification en IGP de la viande de chevreau de l’arganier a été rejeté en 2010 du fait des craintes des forestiers et des industriels de l’huile d’argan qui considèrent que qualifier le pastoralisme accentuerait les pressions sur la forêt. Les porteurs du projet d’IGP doivent désormais apporter des garanties de compatibilité de l’activité d’élevage avec un maintien des équilibres dans l’arganeraie. Nous proposons d’inscrire dans le cahier des charges un bouquet de 8 indicateurs de dégradation de l’arganeraie. Ce bouquet devra être éprouvé sur le terrain pour l’ajuster et concilier l’attribution individuelle d’une certification et la responsabilité collective du territoire. Si la spécificité de la viande de chevreau de l’arganier fait sens, son émergence se heurte à des visions trop sectorialisées qui oublient
que l’arganeraie est avant tout un système socio-écologique multifonctionnel base de
valorisation des pratiques traditionnelles.
que l’arganeraie est avant tout un système socio-écologique multifonctionnel base de
valorisation des pratiques traditionnelles.
Abstract
The Moroccan argan forest, unique ecosystem producing an oil with international success, is considered to be a « natural » ecosystem threatened by its pastoral use. This vision is marked by misrepresentations as the argan forest of today is the result of a centuries-old cohabitation between humans, domestic animals and trees. Goat farming products are very famous in Morocco for their remarkable properties. But a PGI certification applied for the argan kid met was rejected in 2010 because of the fears of the foresters and argan oil firms who consider that qualify pastoralism would increase the pressure on the forest. The PGI project leaders must now show that the breeding activity is compatible with maintaining the ecological balance in the argan forest. We propose to include into the specifications a bunch of 8 indicators of degradation of the argan forest. Such indicators will have to be tested in the field to adjust and reconcile the individual allocation of certification and the collective responsibility of the territory. If the specificity of argan kid meat makes sense, its emergence is facing too sectorial visions forgetting that the argan forest is a multifunctional social-ecological system basis for traditional practices valuation.
Année de publication
2019
Discipline
- Ecologie
- Agronomie
Fichier : LaViandeDeChevreauDeLarganeraieUneSpe_file_1607696204078_impromptus-5-6-r.pdf
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L’agroforesterie, une association entre paysans et nature qui marque l’espace. Cas d’étude du parc naturel régional des Préalpes d’Azur et de la zone de réserve paysanne du Haut Sumapaz en Colombie
Auteur.e.s
NumerosImpromptus
- #09
Résumé
- Cet article s’appuie sur des recherches menées dans les Préalpes françaises et les Andes colombiennes avec des paysans inscrits dans des démarches agroécologiques. Les matériaux de terrain issus d’une démarche de participation observante, d’entretiens qualitatifs et d’analyses spatiales montrent comment le désir d’être proche de la nature s’incarne dans les pratiques agroforestières. Pour rappel, la Modernité a séparé la forêt de l’agriculture, et mis à l’écart l’arbre, des espaces cultivés. Derrière cette séparation est venue se replier, comme pour mieux la sceller, la distinction entre nature et culture, protection et exploitation. Cependant, sur les deux terrains, les énoncés et pratiques agroforestières mettent à mal l’ensemble de ces dichotomies. L’agroforesterie apparaît comme un exercice de reconceptualisation de la ferme et de la forêt. Enfin, le mouvement de renaturalisation de l’agriculture, qui sous-tend ces pratiques, ne doit pas seulement être lu d’un point de vue productif, mais aussi et surtout comme un projet politique qui matérialise
Abstract
This article is based on research carried out in the French Pre-Alps and the Colombian Andes with farmers involved in agroecological approaches. Field materials resulting from an approach of observant participation, qualitative interviews and spatial analyzes show how the desire to be close to nature is embodied in agroforestry practices. As a reminder, Modernity has separated the forest from agriculture, and isolated the tree from cultivated spaces. Behind this separation has come to fold, as if to better seal it, the distinction between nature and culture, protection and exploitation. However, in both areas, agroforestry statements and practices undermine all of these dichotomies. Agroforestry appears to be an exercise in reconceptualizing the farm and the forest. Finally, the movement for the renaturalization of agriculture, which underlies these practices, must not only be read from a productive point of view, but also and above all as a political project which materializes a certain way of inhabiting the territory.
Année de publication
2025
Discipline
- Géographie
Fichier : LES_IMPROMPTUS_9__Chap_10__V25.pdf
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