MARGES

  • Le projet MARGES est financé par l'agence nationale de la recherche (ANR)- France


L’objectif de ce projet est de montrer comment la dynamique du changement social opère à partir de pratiques à la marge des normes sociales. Les marges sont appréhendées comme des pratiques à l’écart par rapport aux prescriptions sociales dominantes et aux tendances statistiques. Celles-ci sont envisagées dans leur effet ambivalent sur les normes dominantes : d’un côté, elles peuvent conduire à des formes d’exclusion sociale ; de l’autre peser sur les normes prescrites et les faire évoluer. Ce questionnement est appliqué à des situations sociales concernant la famille prise dans sa définition large. Quatre axes thématiques structurent cette étude.

  • 1. Les formes résidentielles et les configurations domestiques (les ménages monoparentaux féminins comme masculins, les ménages dans lesquels les enfants vivent sans aucun de leurs ascendants, et des unités résidentielles locatives populaires qui regroupent plusieurs ménages non apparentés).
  • 2. Les statuts matrimoniaux à la marge que sont le célibat et l’union libre.
  • 3. Les formes d’économie domestique spécifiques développées dans des ménages (circulations de biens et services, agencements économiques et domestiques au sein des couples qui se revendiquent comme égalitaires, prise en charge des personnes âgées et des dépendants autant que leurs rôles dans cette économie domestique).
  • 4. La fécondité, l’infécondité et la sexualité (formes de sexualité marginales qui conjuguent écart d’âge, pluripartenariat et échanges matériels).

Cette analyse sera faite par le biais d’une approche croisée entre la démographie et la socio-anthropologie dans trois villes africaines : Ouagadougou (Burkina Faso), Lomé (Togo) et Antananarivo (Madagascar). L’approche comparative proposée permettra à la fois de mettre en valeur des données recueillies à l’occasion d’un précédent programme ANR (FAGEAC) sur Ouagadougou et Lomé, ainsi que la production de données inédites sur ces villes ainsi que sur Antananarivo.
Le recueil et l’analyse de ces données sont envisagés à travers une méthodologie pluridisciplinaire mêlant la socio-anthropologie et la démographie. Le croisement des regards a un intérêt double permettant à la fois d’asseoir une réflexion sur les enjeux heuristiques de chacune de ces disciplines, comme de participer à une réflexion qui discute le rapport entre marges et normes sociales, marges sociales et statistiques, marges statistiques et normes sociales, normes statistiques et marges sociales.
En cherchant à mettre en exergue des pratiques sociales novatrices et/ou encore invisibilisées dans les recherches, nous nous situons dans une approche dynamique et processuelle du devenir des normes. Ainsi, comprendre comment procède l’innovation sociale à travers une analyse conjointe socio-anthropologique et démographique des marginalités et de leurs incidences sur les normes constitue le défi de ce programme de recherche qui a vocation à établir des passerelles d’échanges constructifs entre l’univers de la recherche et celui des actions transformatrices.