Le meilleur des mondes

Source
  • Roman SF
Référence Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley, 1932
Contexte L'action débute à Londres en l'an 632 de Notre Ford, soit en l'an 2540 de notre ère.

Dans ce nouveau monde, l'immense majorité des humains vit au sein de l'Etat Mondial dans une société fortement hiérarchisée en 5 castes où chaque individu se voit assigné un rôle précis. Les castes supérieures sont composées par les Alpha, génétiquement déterminés à être l’élite dirigeante de l'Etat et les Beta qui appartiennent à une caste constituée de travailleurs intelligents. Les castes inférieures sont représentées par les Gamma, les Delta et les Epsilon qui sont conditionnés pour se satisfaire pleinement de leur sort en occupant des fonctions manuelles très rudimentaires.

Bien que l'enseignement de l'Histoire soit jugé inutile dans cette communauté, on apprend que les sociétés anciennes ont été détruites durant un conflit généralisé connu sous le nom de « Guerre des 9 Ans ». Chaque individu estime être dans une position idéale dans la société, de sorte que nul n'envie une caste autre que la sienne. Entièrement conditionnés pour le plaisir, aucun des membres de cette population ne ressent l'envie de se révolter. Conçus pour être de bons consommateurs, ils sont tenus également à participer activement à la vie sociale, la solitude étant une attitude jugée suspecte. Tous les habitants de l'Etat Mondial consomment après leur journée de travail une substance appelée Soma qui, à forte dose, plonge son utilisateur dans un sommeil paradisiaque, cette substance prise par tous permet la cohésion de cette société dont la devise est « Communauté – Identité - Stabilité ».

Quant aux quelques humains qui ne vivent pas dans l'Etat Mondial, ils sont parqués dans des réserves délimitées par des barrières électrifiées. Jugés par les habitants de l'Etat Mondial comme des « sauvages » et des primitifs, les barrières servent a protéger l'Etat des éventuelles intrusions sur son territoire de ces hommes dont ils se préservent.
Traits démographiques Dans cette société, la reproduction sexuée, telle qu'on la conçoit, a totalement disparu. Les êtres humains sont tous crées en laboratoire, les fœtus subissent destraitements durant leur développement qui vont déterminer leur future position dans la hiérarchie sociale. Cette technique permet de résoudre les problèmes liés au marche du travail en produisant un nombre précis de personnes pour chaque fonction de la société. Le nombre exact d'individus crée est déterminé par le Service de Prédestination.

La science, ayant fait d’énormes progrès, chacun des individus reste durant toute son existence jeune et en bonne santé. Sitôt mort, il est remplacé par un individu identique à lui. Le sujet de la viviparité est tabou dans ce nouveau monde, l'allusion à la famille ou au mariage dérange
énormément.

La sexualité n'est qu'un simple loisir, chaque individu possède simultanément plusieurs partenaires et la durée des relations est très limitée. Les femmes utilisent de nombreux moyens de contraception appelés « exercices malthusiens » afin de contourner tout risque de reproduction qui échapperait au conditionnement réglementaire.

Il n'y a aucune envie pour les habitants de ce monde de le quitter car ils estiment être dans « le meilleur des mondes » qui est d’ailleurs le seul qu'ils connaissent. Quant aux « sauvages », ils ne peuvent pas pénétrer dans cet univers qui est fortement protégé.
Commentaires Dans Le Meilleur des Mondes, Aldous Huxley nous donne la vision d'un futur possible. Il nous dépeint une société eugéniste où la natalité serait sous le contrôle des scientifiques. Dans cette société décrite par l'auteur, on retrouve des points communs avec la notre. Tout d'abord, consumériste à l'extreme, conditionnée pour consommer tout ce qui est cher, insatiable jusqu'à l’excès, ces traits de comportement nous ramènent à ce que nous rencontrons déjà aujourd'hui. Dans la société imaginée par celui-ci, chaque individu est un consommateur docile, contraint de s’insérer dans la vie collective. Plus précisément, ses gouts sont conditionnés en vue de la consommation de loisirs collectifs, couteux, lesquels requiert l'achat d’équipements spécialisés au détriment des activités peu onéreuses voire gratuites.

Les hommes de ce nouveau monde se sont détournés de leurs traditions, de l'instruction, de la religion, ils ne vivent plus que dans les plaisirs faciles, rapides et illusoires. Ils disposent d'une grande liberté sexuelle, détachée de la reproduction. Enfin, ils doivent mépriser la nature parce qu'elle ne crée pas suffisamment d’activités économiques. De par ses traits, on peut retrouver également les dérives auxquelles nous pouvons déjà assister.

On peut redouter que les progrès scientifiques, notamment autour de la génétique, peuvent amener dans un futur très proche les parents de demain à avoir la possibilité de choisir leur enfant sur catalogue : le sexe mais également la couleur des yeux, la taille, etc...Ne risquons-nous pas de nous retrouver dans un monde où tous les individus qui le composeront obéiront aux mêmes diktats esthétiques, suivant les courants de la mode ?

On peut également réfléchir à un monde où les gouvernements, afin d’éviter une surpopulation redoutée, pourraient, comme dans l'oeuvre d'Aldous Huxley, contrôler les naissances et limiter celles-ci à un nombre d'individus déterminés.

L'auteur envisage une société maintenue sexuellement, pharmacologiquement et culturellement dans une agréable léthargie, libérée des douleurs des corps vieillissants où les hommes de cette société traversent en somnambules une vie conformiste et paisible, n'est-ce pas déjà quelque peu ce que nous risquons de connaître dans un prochain avenir ?

Dans ce roman où l’eugénisme et la génétique sont fortement liés et planent dangereusement, où également les individus sont conditionnés comme nous le sommes déjà à consommer vite, plus et davantage, Le Meilleur des Mondes est, à bien des égards, la métaphore filée de notre société.
Mon nom Justine Mandine