Dialogues d’anthropologues : revisiter la construction écologique des autochtonies (2-4/11/23)

Du 02.11.2023 au 04.11.2023

Cher.e.s collègues,

L’ATELIER #19 Dialogues d’anthropologues à propos du mythe des « Pygmées » dans le bassin congolais a été retenu pour le congrès de l’Association Française d’Ethnologie et d’Anthropologie (AFEA), qui aura lieu cet automne à Paris.

Afin de répondre à la volonté de l’AFEA d’étendre la portée du congrès, nous nous proposons d’élargir notre appel à communications aux mythes qui ont nourri et affecté la discipline anthropologique, en ce qui concerne les peuples autochtones en général, et en ne restant plus focalisés sur l’Afrique.
Celles et ceux qui souhaitent proposer une intervention afin de se joindre à nous sont les bienvenus, autour de ce nouvel intitulé :
Dialogues d’anthropologues à propos des mythes de leur discipline : revisiter la construction écologique des autochtonies
Voici résumé en quelques mots l’argumentaire initial et son complément :
Résumé de la proposition de panel
  • Nombre de pays européens, dont la France aux premiers rangs, ont participé à ce que l’on appréhende comme la seconde grande période colonialiste recensée à l’échelle mondiale, à savoir tout au long du XIXe siècle et pendant les deux tiers du XXe, une hégémonie de quelques puissances à visée impériale sur une majorité des terres émergées de la planète.
  • L’Afrique fut quasiment assujettie dans son intégralité par seulement sept États d’Europe de l’Ouest (Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne, Portugal, Italie et Belgique), ne subsistant guère que l’Éthiopie et le Libéria comme entités maintenant une certaine souveraineté. La conférence de Berlin, qui s’est déroulée entre novembre 1884 et février 1885, reste probablement le symbole le plus explicite d’un projet de partage du « gâteau » africain. Pour autant, les situations furent contrastées et longtemps beaucoup plus incertaines que ce que les cartes ont figé par des traits affirmés et des couleurs chatoyantes, comme ce rose attribué à l’empire colonial français sur les planisphères des écoles de la Troisième République, et bien après encore.
En particulier, à cette époque berlinoise le bassin du Congo était considéré comme largement inexploré, alors que le Sahara avait déjà été sillonné de toutes parts. On renvoie parfois cette lacune à la densité de la forêt équatoriale, où les premiers explorateurs furent interpellés par ces peuples rencontrés de chasseurs-cueilleurs, vite caractérisés par leur petite stature. Rebondissait à cette occasion l’attrait pour l’altérité, mais en parallèle aussi la tendance au stigmate ensauvageant. Avec ces peuples de la Sylva profonde, naissait un mythe tenace, sorte de métonymie par laquelle corporéité, environnement forestier et primitivité se faisaient écho, et parfois continuent à le faire encore aujourd’hui.
  • Des premiers voyageurs-ethnographes aux anthropologues plus contemporains, en passant par toutes les ethnologies peu ou prou évolutionnistes, nos disciplines ont participé à cette mythification, parfois en leur résistant, mais (à de rares exceptions près) sans jamais réussir vraiment à s’extirper de cette gangue qui colle à la peau de ceux que l’on n’appelle plus « Pygmées ».

Dans la session 1 de cet atelier, nous reviendrons sur ce qui est aussi une mystification très éloignée de la réalité contemporaine, et ce afin d’aborder quelques-uns des aspects de la globalisation telle qu’elle s’impose aux peuples Ba’Aka du bassin congolais. En particulier, nous nous demanderons ce que le retournement actuel, qui rebaptise ces populations forestières en « éco-friendly », doit à des représentations certes historiquement inversées, mais au final toujours imposées de l’extérieur pour cet éternel « bon sauvage » qui peuple nos imaginaires occidentaux.
Les autres sessions, nourries par les nouvelles propositions que nous vous invitons à formuler, viseront à étendre le spectre de cette tendance au green washing via les peuples autochtones. S’agit-il d’une tendance de fond qui concerne d’autres populations autochtones en Afrique et au-delà ? Comment peut-on discuter ce travers ou au contraire trouve-t-il matière à être contredit par des enquêtes de terrain ? Est-ce le produit d’une invitation insistante, en Occident, à se « reconnecter à la nature » ? Y a-t-il a contrario une quête de modernité chez ces peuples devenus modèles de sobriété ? Surfent-ils sur une vague porteuse ou est-ce qu’à l’inverse leurs leaders d’opinion entendent produire de nouveaux modèles de développement, plus harmonieux dans leurs rapports à la nature ? Les formes de spiritualité à l’environnement pourront ici trouver une place de choix dans le contributions.

Pour information :
PROGRAMME DE LA SESSION 1
La relation anthropologue-juriste devant les questions des droits de l’Homme et des droits des peuples autochtones en Afrique : une crise ontologique ?
Philippe Karpe, chercheur HDR, juriste, Cirad, Montpellier
De l'aide de l'ethnolinguistique et de la psychanalyse dans le regard anthropologique des minorités
Guy Patrice Dkamela, socio-anthropologue, consultant indépendant en gestion des ressources naturelles et doctorant au Centre des humanités environnementales, Université de Cape Town, Afrique du Sud
La veuve, l’orphelin et le « Pygmée ». L’éthos de l’anthropologue, entre engagement et distanciation
Christophe Baticle, MCF, socio-anthropologue, Aix-Marseille Université, UMR-IRD 151 LPED
Laurence Boutinot, chercheure HDR, socio-anthropologue, Cirad, Montpellier
Les autres sessions seront organisées à partir des propositions reçues.
Merci de nous envoyer :
- Une intention de 2 000caractères maximum ;
- Un résumé de 1 000 caractères maximum.
Pour le 2 mai dernier délai.


Bien cordialement,

Laurence Boutinot (Cirad, Montpellier)
Christophe Baticle (AMU, Marseille, LPED)

Plus d'info sur https://afea.hypotheses.org/ateliers

Contact : cbaticle@aol.com

Dialogues d’anthropologues : revisiter la construction écologique des autochtonies (2-4/11/23)