Journées annuelles de la CoSaV-Migrations 30 Nov-1er Dec : Migrations, climat et environnement : Réflexions et perspectives de recherche
Du 30.11.2023 - 14:00 au 01.12.2023 - 13:00
Argumentaire
Dans son dernier rapport Groundswell , publié en 2021, la Banque mondiale indique que le changement climatique « pourrait contraindre 216 millions de personnes à migrer à l’intérieur de leur propre pays d’ici à 2050 ». L’organisation estime que « l’Afrique subsaharienne pourrait enregistrer pas moins de 85,7 millions de migrants climatiques internes ; l’Asie de l’Est et Pacifique 48,4 millions ; l’Asie du Sud 40,5 millions ; l’Afrique du Nord 19,3 millions ; l’Amérique latine 17,1 millions, l’Europe de l’Est et l’Asie centrale 5,1 millions ». Ces chiffres sont certes alarmants, et leur production interroge, et pourtant lorsqu’il s’agit de saisir les liens entre les mouvements des populations induits par le changement climatique, les débats restent hétérogènes et les interprétations demeurent fragmentées.
Alors que les nombreuses dégradations de la planète engendrées par les différentes manifestations du changement climatique sont actuellement bien identifiées, les dynamiques démographiques, sociales, économiques et politiques liées à ces phénomènes restent encore en partie à explorer, en fonction des contextes et des régions du monde. Parallèlement, les “migrations climatiques” ou les “migrations environnementales” sont devenues un enjeu politique dans un contexte de durcissement des politiques migratoires aux Nords comme aux Suds.
Ainsi, la CoSaV-Migrations a choisi de consacrer sa journée annuelle à la problématique migrations, climat et environnement qui reste encore peu explorée dans le champ des études migratoires, d’autant plus dans une perspective interdisciplinaire. L’objectif est, sur la base d’un bilan des travaux et projets passés et en cours sur cette question, de réfléchir collectivement à la construction théorique, méthodologique mais aussi éthique de démarches interdisciplinaires originales à cette problématique migrations, climat et environnement. Comment construire des approches théoriques et méthodologiques fondées sur un dialogue interdisciplinaire large ? En quoi les études migratoires, historiquement centrées sur les migrations internationales, sont-elles aujourd’hui traversées et travaillées par l’approche portée par les humanités environnementales ? Quels sont les enjeux émergents au croisement des politiques climatiques et environnementales et des politiques migratoires ?
Cette journée annuelle s’articulera autour de quatre table-rondes :
Table-ronde 1 : L'interdisciplinarité dans les approches migrations, climat, environnement : comment construire un dialogue ?
Il s’agit dans cette table-ronde de réflexion de questionner les défis d’une approche globale et interdisciplinaire pour saisir les interactions dynamiques et complexes entre migrations et climat. Comment faire discuter les sciences humaines et les sciences du vivant, de la terre et de l'environnement pour saisir les « migrations climatiques » ? Les notions de risque, d’aléas, de vulnérabilité, d’adaptation, de changement peuvent-elles constituer un socle conceptuel commun dans une perspective pluridisciplinaire de l’étude de ce type de migrations ?
Table-ronde 2 : L'interdisciplinarité dans les approches migrations, climat, environnement, quelles méthodes ?
Dans la continuité des réflexions et des échanges qui seront engagés dans la première table-ronde, il s’agit dans ce deuxième temps d’appréhender les défis méthodologiques de la recherche pluridisciplinaire sur les liens entre les migrations et le changement climatique. Seront questionnées notamment les échelles de l’observation propres à chaque discipline et la manière de les articuler ou de les faire dialoguer. L’analyse des temporalités du changement climatique, environnemental ou social pourra constituer un second axe de discussion. Comment co-construire de tel espaces d’analyse en commun ? À partir de quelles données et avec quelles méthodes de recherche ?
Table-ronde 3 : Les études migratoires au prisme des humanités environnementales : réflexions sur nos pratiques de recherche
Les réflexions actuelles sur l’anthropocène et l’émergence des humanités environnementales dans le champ des sciences sociales interrogent les études migratoires qui se sont centrées au cours des dernières années essentiellement sur des dimensions politiques, économiques ou sur les expériences individuelles ou collectives de mobilité. Également, la construction des études migratoires comme un champ de recherche original a conduit progressivement à une distinction entre migration internationale et interne qui semble perdre de sa pertinence lorsque l’on prend en compte les dimensions environnementales dans l’analyse des mobilités. En quoi les humanités environnementales amènent-elles à une redéfinition des migrations et mobilités comme objet de recherche ? Et comment travaillent-elles aussi nos pratiques de recherche ?
Table-ronde 4 : Les enjeux politiques dans l’approche des migrations dites climatiques ou/ environnementales
De nombreux États et organisations intergouvernementales développent des initiatives et des programmes pour renforcer le dialogue et l’action autour de projets qui joignent les questions de climat, de la migration et de développement. Par ailleurs, si les « migrations climatiques » restent encore trop souvent considérées comme des déplacements et des mobilités purement environnementales et traitées, en tant que tel, dans la catégorie des risques environnementaux, plusieurs études montrent qu’il s’agit d’un phénomène plus global et qu’il est difficile d'isoler les conditions environnementales ou climatiques des facteurs socio-économiques et politiques sous-jacents qui sont susceptibles d'influencer les processus migratoires. Dans cette table-ronde, nous souhaitons appréhender les enjeux politiques, juridiques et de gouvernance dans l’approche des migrations dites climatiques. Quels exemples concrets de coopération existent-ils entre États confrontés à des problèmes environnementaux et à des migrations dites climatiques ? Quel rôle jouent les organisations intergouvernementales et de coopération décentralisée dans ce processus ? Et pourquoi cette catégorie de migrations fait l’objet de plus en plus de financements conséquents, inscrits dans des agendas politiques ad hoc, indissociables des mesures de sécurisation des frontières.
Jeudi 30 novembre :
https://ird-fr.zoom.us/j/93515538500?pwd=ZUNRV1NYa0tNc25hYnJpMUphK28ydz09
