« À quoi bon la politique »? Enquêter avec les enfants sur le changement politique en Tunisie
« À quoi bon la politique »? Enquêter avec les enfants sur le changement politique en Tunisie
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Chiara DIANA
Auteur 1 - Email
dianachiara3@gmail.com
Résumé
Le paradigme théorique des Childhood Studies a révolutionné l’investigation scientifique des sciences sociales sur l’enfance et sur les enfants en termes de contenus et de méthodologie. En mettant l’accent sur l’agency des enfants, les Childhood Studies ont permis de changer le regard sur les enfants et leur rôle dans la société. Analysé au prisme du temps présent – et non pas au travers d’une vision développementaliste – l’enfant est considéré comme un acteur social qui participe activement à la vie sociale et politique de la société dans laquelle il vit et grandit. Au-delà de la contribution innovante aux débats théoriques et aux thèmes de recherche, les partisans de ce courant incitent en outre à mener une investigation empirique qui inclut les perspectives des enfants en inversant ainsi la manière de procéder dans les enquêtes: d’une perspective sur les enfants (child perspective) à une perspective des enfants (children’s perpective) .
En nous appuyant sur l’approche théorique et méthodologique des Childhood Studies, nous avons mené une recherche sur la manière dont les enfants et les adolescents tunisiens perçoivent le nouvel ordre politique, à savoir le changement politique mis en place suite aux mouvements révolutionnaires qui ont secoué le pays en 2010-2011 (connus également comme le Printemps arabe). Interroger les enfants sur la vie politique de leur pays afin de saisir les manières enfantines de percevoir et expérimenter le/la politique dans la vie quotidienne est un sujet peu exploré dans les contextes occidentaux et encore moins dans les Suds. Grâce aux entretiens menés avec 29 enfants et adolescents entre 10-17 ans, filles et garçons, en Tunisie en 2018 et 2019, notre contribution a un triple objectif : a) analyser le nouvel ordre politique tunisien (les gouvernements provisoires ; les institutions de transition démocratique ; la question des martyrs de la révolution de 2010-2011 etc.) à partir des expériences et des perceptions directes des enfants et des adolescents en décryptant leurs interprétations à travers les codes culturels, les conditions sociales et les formes socialisantes ; b) produire une connaissance sur les mineurs à partir d’eux-mêmes, par le biais d’entretiens individuels in situ menés dans leur espace familial (salle à manger, cuisine, chambre à coucher) et de l’outil photographique avec le consentement parental, qui permettent de créer une relation de confiance avec l’enquêtrice et estomper la gêne d’échanger avec un « étranger » ; c) faire avancer la recherche scientifique avec les enfants avec une contribution provenant d’un pays du Sud, la Tunisie, en plein changement politique – de transition démocratique – qui affecte, à des degrés différents, toute la population, les adultes comme les enfants.
En nous appuyant sur l’approche théorique et méthodologique des Childhood Studies, nous avons mené une recherche sur la manière dont les enfants et les adolescents tunisiens perçoivent le nouvel ordre politique, à savoir le changement politique mis en place suite aux mouvements révolutionnaires qui ont secoué le pays en 2010-2011 (connus également comme le Printemps arabe). Interroger les enfants sur la vie politique de leur pays afin de saisir les manières enfantines de percevoir et expérimenter le/la politique dans la vie quotidienne est un sujet peu exploré dans les contextes occidentaux et encore moins dans les Suds. Grâce aux entretiens menés avec 29 enfants et adolescents entre 10-17 ans, filles et garçons, en Tunisie en 2018 et 2019, notre contribution a un triple objectif : a) analyser le nouvel ordre politique tunisien (les gouvernements provisoires ; les institutions de transition démocratique ; la question des martyrs de la révolution de 2010-2011 etc.) à partir des expériences et des perceptions directes des enfants et des adolescents en décryptant leurs interprétations à travers les codes culturels, les conditions sociales et les formes socialisantes ; b) produire une connaissance sur les mineurs à partir d’eux-mêmes, par le biais d’entretiens individuels in situ menés dans leur espace familial (salle à manger, cuisine, chambre à coucher) et de l’outil photographique avec le consentement parental, qui permettent de créer une relation de confiance avec l’enquêtrice et estomper la gêne d’échanger avec un « étranger » ; c) faire avancer la recherche scientifique avec les enfants avec une contribution provenant d’un pays du Sud, la Tunisie, en plein changement politique – de transition démocratique – qui affecte, à des degrés différents, toute la population, les adultes comme les enfants.
« Trouver sa place ». La spatialité négligée dans les relations d’enquête avec les enfants
« Trouver sa place ». La spatialité négligée dans les relations d’enquête avec les enfants
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Baptiste Besse-Patin
Auteur 1 - Email
baptiste.besse-patin@univ-paris13.fr
Auteur 2 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Fanny Delaunay
Auteur 2 - Email
fanny.delaunay@paris-valdeseine.archi.fr
Résumé
Suite à des « inconforts méthodologiques » (Sarcinelli, 2015 ; Boumaza & Campana, 2007) et à l’analyse réflexive de nos scènes d’enquête, nous discuterons des « bricolages » adoptés pour réaliser la collecte des données et, par ailleurs, mettre en avant un versant peu exploré de la recherche. Après avoir ébauché un état actuel des travaux méthodologiques, nous présentons les deux enquêtes doctorales sur lequel s’appuie notre article avant d’explorer, plus en détails, leurs « zones grises » (Namian & Grimard, 2016) pour en tirer une « ficelle » (Becker, 2002) supplémentaire en redonnant son heuristicité à une dimension négligée : la spatialité. Revenir sur les situations d’inconforts vise à prémunir la.le chercheur.e qui se prépare à aller sur le terrain et contribuer ainsi à la littérature méthodologique consacrée aux enquêtes auprès des enfants et des jeunes en particulier.
De l’enfance à la question de l’âge en sociologie. L’exemple d’une ethnographie de pratiques ludiques dans un parc à Shanghai
De l’enfance à la question de l’âge en sociologie. L’exemple d’une ethnographie de pratiques ludiques dans un parc à Shanghai
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Salgues Camille Université normale de Chine du Sud (Guanzhou, Chine)
Auteur 1 - Email
camillesalgues@hotmail.com
Résumé
L'article revient sur des pratiques ludiques d'enfants observées dans les années 2000 à Shanghai, dans un parc mixte en termes d'âge et de classes sociales. Il s'appuie ainsi sur une ethnographie des enfants dans des lieux publics pour penser leur place dans l'espace public au sens de la théorie politique. L'analyse souligne la faiblesse du traitement de l'âge aujourd'hui sur un plan théorique, et les difficultés que pose les découpages en "âges de la vie". La manière dont l'âge est traitée dans le matériau est alors scrutée de près : si la question de l'âge est mise à l'arrière-plan dans un premier temps, lorsqu'il s'agit de comparer termes à termes des manières socialement différenciées de s'approprier l'espace et de jouer, documentées par des photographies, elle est au contraire au premier plan dans l'analyse d'une scène du journal de terrain où se croisent différents individus, notamment adultes et enfants. La réflexion débouche sur une conceptualisation autour de deux régimes d'âge ou de deux "modes" d'âge, mineur et majeur, et sur les difficultés à intégrer ce modèle dans la conception contemporaine de l'espace public.
Des enfances et des voix difficiles à faire émerger : enquêter avec des Mineurs non accompagnés
Des enfances et des voix difficiles à faire émerger : enquêter avec des Mineurs non accompagnés
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Guillaume Etienne – MCF – anthropologie, département de sociologie – Laboratoire CITERES – équipe Cost Université François Rabelais (Tours)
Auteur 1 - Email
guillaume.etienne@univ-tours.fr
Auteur 2 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Geneviève Guetemme – MCF - Arts plastiques, INSPE-CVL, Université d’Orléans, laboratoire REMELICE-EA 4709 (Réception et Médiation de littérature et de cultures étrangères et comparées)
Auteur 2 - Email
genevieve.guetemme@univ-orleans.fr
Résumé
Les MNA – mineurs non accompagnés – sont des migrants de moins de 18 ans, sans famille proche et sans représentant légal dans le pays d’accueil. En France, ils sont pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance (ASE) et accompagnés, par délégation des départements, par des structures institutionnelles et des associations. Les démarches offertes aux chercheurs pour enquêter auprès de cette population fragile et en situation de crise présentent des spécificités que nous proposons d’analyser ici.
Cet article s’appuie sur deux recherches en études migratoires menées en région Centre et deux modalités d’enquête à base d’entretiens et d’ateliers de pratique artistiques, en lien avec la démarche heuristique des Childhood Studies qui met la liberté d’expression et le vécu des jeunes au cœur du dispositif. L’analyse comparative de ces deux méthodes s’intéresse à la façon dont le point de vue des migrants, leur parole et leur imaginaire sont reconnus, mis en lien avec les contingences auxquelles ils sont soumis et valorisés à travers différents modes d’accompagnements, sur des durées variables.
Il s’agit de montrer comment la recherche recueille la parole de ces jeunes en quête d’identité et de soutien et fait évoluer des récits parfois stéréotypés, générés par le contexte et les attentes des politiques, des media ou des éducateurs. L’analyse interrogera les techniques utilisées pour les entretiens (développés sur un temps long) et les ateliers. Elle questionnera le rôle des supports (individuels, confidentiels ou publics) et la création d’une plateforme numérique de partage (migra-tude ) pour développer le dialogue entre les acteurs de la recherche, le grand public et une population, habituellement sans parole, uniquement définie par son statut administratif, scolaire ou son état de santé et noyée dans la masse des migrants sans traitement particulier associé à l’enfance. L’ensemble des moyens, empiriques et théoriques, sollicités permettra d’étayer une réflexion sur la place des humanités et des arts pour observer et reconnaître les enfants et adolescents migrants.
Cet article s’appuie sur deux recherches en études migratoires menées en région Centre et deux modalités d’enquête à base d’entretiens et d’ateliers de pratique artistiques, en lien avec la démarche heuristique des Childhood Studies qui met la liberté d’expression et le vécu des jeunes au cœur du dispositif. L’analyse comparative de ces deux méthodes s’intéresse à la façon dont le point de vue des migrants, leur parole et leur imaginaire sont reconnus, mis en lien avec les contingences auxquelles ils sont soumis et valorisés à travers différents modes d’accompagnements, sur des durées variables.
Il s’agit de montrer comment la recherche recueille la parole de ces jeunes en quête d’identité et de soutien et fait évoluer des récits parfois stéréotypés, générés par le contexte et les attentes des politiques, des media ou des éducateurs. L’analyse interrogera les techniques utilisées pour les entretiens (développés sur un temps long) et les ateliers. Elle questionnera le rôle des supports (individuels, confidentiels ou publics) et la création d’une plateforme numérique de partage (migra-tude ) pour développer le dialogue entre les acteurs de la recherche, le grand public et une population, habituellement sans parole, uniquement définie par son statut administratif, scolaire ou son état de santé et noyée dans la masse des migrants sans traitement particulier associé à l’enfance. L’ensemble des moyens, empiriques et théoriques, sollicités permettra d’étayer une réflexion sur la place des humanités et des arts pour observer et reconnaître les enfants et adolescents migrants.
Enquâter avec les tout-petits : entre recherche et transformations des pratiques professionnelle en crèche
Enquâter avec les tout-petits : entre recherche et transformations des pratiques professionnelle en crèche
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
ALCAMO-BENHAFESSA Nathalie - Laboratoire Experice - Université Sorbonne Paris Nord
Auteur 1 - Email
n.benhafessa@salon-de-provence.org
Auteur 2 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
GARNIER Pascale - Laboratoire Experice - Université Sorbonne Paris Nord
Auteur 2 - Email
pascale.garnierx@free.fr
Résumé
Réalisé à partir d'un travail d'enquête avec les très jeunes enfants cet article propose de définir la signification d'une enquête photographique effectuée par les jeunes enfants. De la sociabilité à la culture matérielle en passant par l'importance de la nature et la perception de leurs espaces il s'agit de comprendre le vécu ordinaire des enfants située dans la période post-premier confinement dans cette période de crise sanitaire. Au-delà de cet attendu historiquement situé l'objectif est que les professionnelles participent à la réflexion sur les photos des enfants pour leur permettre d'avoir une lecture plus juste et plus globale et pour, peut-être, avoir une modification des pratiques professionnelles dans leurs établissements. L'article permettra aussi de discuter des questionnements éthiques et d'intégrité scientifique que posent cette recherche avec les tout-petits.
Enquêter pour que les enfants parlent d’eux, parler d’eux pour que les enfants enquêtent
Enquêter pour que les enfants parlent d’eux, parler d’eux pour que les enfants enquêtent
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Nayral, Mélissa, Université Toulouse Jean Jaurès, LISST-CAS, CREDO
Auteur 1 - Email
melissa.nayral@gmail.com
Résumé
Cet article vise à rendre compte de différentes dimensions méthodologiques pouvant être impliquées par un travail de production de connaissance anthropologique avec des enfants de 6 à 10 ans. Ce texte s’appuiera largement sur la mise en regard de deux projets d’enquête ethnographique avec et par des enfants menés entre 2015 et 2020. Il s’inscrit dans une perspective intellectuelle qui considère le jeune public comme dépositaire d’un savoir unique et qui, ce faisant, souhaite pouvoir se saisir de sa parole et de ses expériences.
Dans un premier temps, il s’agira de revenir sur ces deux expériences de projet bien distinctes les unes des autres. Ces derniers diffèrent en effet par leurs chronologies, leurs contextes de réalisation (insulaire ultramarin pour le premier, rural pour le second) ainsi que leurs supports de restitution (sortie plein air, film). Ces différences n’empêchent néanmoins pas de constater que dans les deux cas, plus encore qu’une sollicitation directe de la parole, c’est bien la conduite d’enquêtes ethnographiques par les enfants qui a permis de la faire émerger afin d’en tenter ensuite la collecte.
Dans un premier temps, il s’agira de revenir sur ces deux expériences de projet bien distinctes les unes des autres. Ces derniers diffèrent en effet par leurs chronologies, leurs contextes de réalisation (insulaire ultramarin pour le premier, rural pour le second) ainsi que leurs supports de restitution (sortie plein air, film). Ces différences n’empêchent néanmoins pas de constater que dans les deux cas, plus encore qu’une sollicitation directe de la parole, c’est bien la conduite d’enquêtes ethnographiques par les enfants qui a permis de la faire émerger afin d’en tenter ensuite la collecte.
Inévitable polyphonie. De la contribution d’enfants-élèves à une recherche sur l’éducation musicale.
Inévitable polyphonie. De la contribution d’enfants-élèves à une recherche sur l’éducation musicale.
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
FILIOD Jean Paul, Université de Lyon, Centre Max Weber
Auteur 1 - Email
jean-paul.filiod@univ-lyon1.fr
Résumé
Cet article s’appuie sur un travail de terrain consacré à un projet d’éducation musicale (école élémentaire, Villeurbanne, France) dans le cadre d’une recherche engageant 9 enseignantes et 3 musiciens. Dans la lignée des recherches collaboratives, anciennes en anthropologie et en sciences de l’éducation, elle s’est focalisée sur une classe de CE1- CE2 la 1re année (2018-19) et sur 5 classes les deux suivantes (1 CP et 1 CE1 dédoublés, 1 CM2).
Questionnant le positionnement sur le terrain, il prend comme support des séances menées par le chercheur avec des enfants-élèves de ces classes où il cherche à voir s’ils ont intégré le fait qu’il était chercheur et s’ils peuvent décrire les activités qu’il développe quand il poursuit cette recherche dans leur école.
À partir d’un corpus d’écritures et de dessins réalisés par 53 enfants-élèves, il s’agit de s’appuyer sur leurs expressions singulières pour rendre compte des positions variées et variables qu’un chercheur prend lorsqu’il est engagé dans un contexte partenarial : cultivant la différence vis-à-vis des enseignantes et des musiciens, il se trouve sur des positions limites, du fait que chacun de ces métiers est pris dans un travail éducatif et que le chercheur pratique, dès que les situations et les occasions sont offertes, l’observation participante. Ces positions et leurs mouvements sont lisibles dans certaines expressions singulières des enfants-élèves, qui donnent à penser l’activité de chercheur de terrain d’une manière signifiante, avec des mots et des expressions que des adultes n’utiliseraient sans doute pas.
Questionnant le positionnement sur le terrain, il prend comme support des séances menées par le chercheur avec des enfants-élèves de ces classes où il cherche à voir s’ils ont intégré le fait qu’il était chercheur et s’ils peuvent décrire les activités qu’il développe quand il poursuit cette recherche dans leur école.
À partir d’un corpus d’écritures et de dessins réalisés par 53 enfants-élèves, il s’agit de s’appuyer sur leurs expressions singulières pour rendre compte des positions variées et variables qu’un chercheur prend lorsqu’il est engagé dans un contexte partenarial : cultivant la différence vis-à-vis des enseignantes et des musiciens, il se trouve sur des positions limites, du fait que chacun de ces métiers est pris dans un travail éducatif et que le chercheur pratique, dès que les situations et les occasions sont offertes, l’observation participante. Ces positions et leurs mouvements sont lisibles dans certaines expressions singulières des enfants-élèves, qui donnent à penser l’activité de chercheur de terrain d’une manière signifiante, avec des mots et des expressions que des adultes n’utiliseraient sans doute pas.
L’enquête handicapée ? Enquêter auprès de jeunes dits “handicapés mentaux” ou “perturbés” ; entre bricolage et modestie méthodologique
L’enquête handicapée ? Enquêter auprès de jeunes dits “handicapés mentaux” ou “perturbés” ; entre bricolage et modestie méthodologique
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Eideliman Jean-Sébastien, Université de Paris, CERLIS
Auteur 1 - Email
jean-sebastien.eideliman@u-paris.fr
Auteur 2 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Lansade Godefroy, Université Paul Valéry Montpellier III, CRISES
Auteur 2 - Email
godefroy.lansade@univ-montp3.fr
Résumé
Enquêter auprès d’enfants et d’adolescents est souvent vu en sciences sociales comme une gageure. Les difficultés méthodologiques (comment mener des entretiens avec des enfants ? comment nouer une relation d’enquête par-delà les différences de statut et d’âge entre enquêteur et enquêté ?) se doublent de difficultés déontologiques, puisque leur “minorité” nécessite d’obtenir des autorisations et de prendre des précautions pour recueillir leur parole ou observer leurs faits et gestes (Hamelin-Brabant, 2006). Le champ est d’ailleurs longtemps resté peu exploré (Sirota, 2006) pour finalement se développer en appelant à des innovations méthodologiques (Danic, Delalande et Rayou, 2006) et à un changement de regard sur ces “nouveaux acteurs sociaux” (Qvortrup, Corsaro and Honig, 2009).
Lorsqu’en en plus il ne s’agit pas d’enfants et d’adolescents “ordinaires”, les obstacles semblent plus saillants encore, voire insurmontables. C’est le cas de plusieurs de nos terrains, qui ont porté sur des enfants et/ou des adolescents dits “handicapés mentaux” (Lansade, 2016, 2019), ayant des troubles psychiques (Béliard et alii., 2018), des problèmes de comportement, qui sont encadrés par des institutions (un dispositif ULIS au sein de l’Education Nationale, un hôpital de jour rattaché au secteur pédopsychiatrique, une école privée hors-contrat, une maison des adolescents située dans un hôpital public) et qui se trouvent souvent dans des situations sociales difficiles, faits selon les cas de trajectoires migratoires complexes, de parcours scolaires heurtés et de ruptures familiales (Borelle, Eideliman, Fansten, Planche et Turlais, 2019).
Quels enseignements tirer de ces terrains variés mais ayant en commun de prendre pour sujets des personnes doublement infériorisées, en tant que mineurs et que personnes désignées handicapées ou troublées ? Personnes dont la parole a souvent été disqualifiée parce que reconnue comme peu légitime du fait de leur(s) statut(s). Nous partirons de notre surprise commune d’avoir eu le sentiment rétrospectif que ces terrains n’étaient pas spécialement difficiles à mener et que, tout au contraire, ils se sont révélés plutôt accueillants et ouverts pour l’enquêteur. Quels sont les ressorts et les raisons de cet étonnement ?
Sans nier l’intérêt des innovations méthodologiques pour travailler auprès d’enfants et d’adolescents, nous voudrions montrer que l’approche ethnographique classique (Beaud et Weber, 1997) est bien adaptée à ce type de publics et que, s’il faut comme toujours adapter les principes méthodologiques aux particularités de son objet (Sarcinelli, 2015), on peut malgré tout les mettre en œuvre sans véritable innovation, en faisant plutôt preuve de modestie méthodologique.
Ce qui a peut-être eu plus d’influence sur notre pratique de l’enquête auprès de ces enfants et de ces adolescents, ce sont les configurations personnelles et institutionnelles dans lesquelles ils étaient pris. Contactés via des institutions, ils se sont révélés être au cœur de nœuds institutionnels complexes, entre familles, professionnels du soin, professionnels de l’éducation, travail social ou encore administration du handicap. Dans un tel contexte, les jeux d’alliance (Mauger, 1991) prennent une importance et une tonalité particulières, qui d’une part pèsent sur le déroulement de l’enquête, d’autre part en deviennent la matière, sinon principale, du moins secondaire.
Lorsqu’en en plus il ne s’agit pas d’enfants et d’adolescents “ordinaires”, les obstacles semblent plus saillants encore, voire insurmontables. C’est le cas de plusieurs de nos terrains, qui ont porté sur des enfants et/ou des adolescents dits “handicapés mentaux” (Lansade, 2016, 2019), ayant des troubles psychiques (Béliard et alii., 2018), des problèmes de comportement, qui sont encadrés par des institutions (un dispositif ULIS au sein de l’Education Nationale, un hôpital de jour rattaché au secteur pédopsychiatrique, une école privée hors-contrat, une maison des adolescents située dans un hôpital public) et qui se trouvent souvent dans des situations sociales difficiles, faits selon les cas de trajectoires migratoires complexes, de parcours scolaires heurtés et de ruptures familiales (Borelle, Eideliman, Fansten, Planche et Turlais, 2019).
Quels enseignements tirer de ces terrains variés mais ayant en commun de prendre pour sujets des personnes doublement infériorisées, en tant que mineurs et que personnes désignées handicapées ou troublées ? Personnes dont la parole a souvent été disqualifiée parce que reconnue comme peu légitime du fait de leur(s) statut(s). Nous partirons de notre surprise commune d’avoir eu le sentiment rétrospectif que ces terrains n’étaient pas spécialement difficiles à mener et que, tout au contraire, ils se sont révélés plutôt accueillants et ouverts pour l’enquêteur. Quels sont les ressorts et les raisons de cet étonnement ?
Sans nier l’intérêt des innovations méthodologiques pour travailler auprès d’enfants et d’adolescents, nous voudrions montrer que l’approche ethnographique classique (Beaud et Weber, 1997) est bien adaptée à ce type de publics et que, s’il faut comme toujours adapter les principes méthodologiques aux particularités de son objet (Sarcinelli, 2015), on peut malgré tout les mettre en œuvre sans véritable innovation, en faisant plutôt preuve de modestie méthodologique.
Ce qui a peut-être eu plus d’influence sur notre pratique de l’enquête auprès de ces enfants et de ces adolescents, ce sont les configurations personnelles et institutionnelles dans lesquelles ils étaient pris. Contactés via des institutions, ils se sont révélés être au cœur de nœuds institutionnels complexes, entre familles, professionnels du soin, professionnels de l’éducation, travail social ou encore administration du handicap. Dans un tel contexte, les jeux d’alliance (Mauger, 1991) prennent une importance et une tonalité particulières, qui d’une part pèsent sur le déroulement de l’enquête, d’autre part en deviennent la matière, sinon principale, du moins secondaire.
Les usages du dessin dans l’enquête qualitative avec les enfants et les adolescent.es. De la collecte à la restitution
Les usages du dessin dans l’enquête qualitative avec les enfants et les adolescent.es. De la collecte à la restitution
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Fabienne Hejoaka, LPED - UMI 151 Institut de Recherche pour le Développement. Aix Marseille Université
Auteur 1 - Email
fabienne.hejoaka@ird.fr
Résumé
Basé sur des données empiriques collectées dans le cadre de trois études menées entre 2005 et 2015 au Burkina Faso [2] et au Sénégal auprès d’enfants et d’adolescents, cet article a pour objectif de décrire les usages qui peuvent être faits du dessin dans l’enquête qualitative sur/avec les enfants. Ces aspects seront explorés, de façon pratique et didactique, à travers les différentes étapes que sont la collecte de dessin, l’analyse des données et la restitution des résultats à différents acteurs (communautaires, académiques, de la société civile).
L’analyse présentée se base sur les trois corpus de dessins suivants, dont de nombreux exemplaires seront utilisés pour illustrer l’analyse :
1) Burkina Faso - 2005-2007 : 176 dessins collectés dans le cadre d’une étude ethnographique sur l’expérience de la maladie vécue par les enfants et les jeunes [7 – 19 ans] vivant avec le VIH, au sein de deux associations de prise en charge des patients à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) et d’un service pédiatrique. Ces dessins ont été́ associés à des entretiens semi-directifs.
2) Burkina Faso - 2009 : 324 dessins collectés dans le cadre de l’étude « VIH/SIDA, traitements antirétroviraux et stigmatisation : Connaissances, perceptions et attitudes des enfants à Bobo- Dioulasso et Dafinso (Burkina Faso) », menée auprès d’enfants scolarisés et non scolarisés âgés de 7 à 15 ans. Ces dessins ont été́ associés à un commentaire de l’enfant et à une collecte systématique des données sociodémographiques
3) Sénégal – 2023-2015 : 75 dessins collectés dans le cadre d’une étude pilote sur l’information en santé et l’éducation thérapeutique d’enfants et de jeunes vivant avec le VIH ([9-16 ans]. Ces dessins ont été́ associés à des entretiens semi-directifs et des observations.
L’article sera structuré en 3 parties :
-Afin de permettre de situer les productions graphiques des enfants dans divers contextes variés, la première proposera une analyse historique et socioculturelle du dessin d’enfant dans l’enquête en sciences sociales.
-La deuxième partie décrira de façon didactique et critique les différents usages qui peuvent être faits du dessin. Seront ainsi décrits le rôle d’ice breaker, de support narratif et de source d’information alternative permettant une prise en compte plus fine du vécu des enfants et de leurs mondes enfantins. Ces différents points seront abordés en tenant compte des spécificités d’âge, de sexe et des facteurs socio- économiques qui peuvent influencer le rapport des enfants au dessin, sa réalisation, voire même la nature de la production graphique, les capacités graphiques des enfants évoluant en fonction des stades de développement psychocognitif.
-La troisième partie présentera un ensemble de « ficelles » [3] issues des expériences de terrain, venant éclairer les aspects pratiques de l’usage du dessin. Seront notamment décrits les aspects relatifs au matériel utilisé (types de crayon utilisés, variété́ des couleurs, les types de papier...), à la gestion du temps, la conservation des dessins (archivage, scan...) ou encore, la prise en compte de biais potentiels, comme le « biais de contagion » qui peut advenir lorsque les enfants dessinant côte à côte, copient l’un sur l’autre.
L’analyse présentée se base sur les trois corpus de dessins suivants, dont de nombreux exemplaires seront utilisés pour illustrer l’analyse :
1) Burkina Faso - 2005-2007 : 176 dessins collectés dans le cadre d’une étude ethnographique sur l’expérience de la maladie vécue par les enfants et les jeunes [7 – 19 ans] vivant avec le VIH, au sein de deux associations de prise en charge des patients à Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) et d’un service pédiatrique. Ces dessins ont été́ associés à des entretiens semi-directifs.
2) Burkina Faso - 2009 : 324 dessins collectés dans le cadre de l’étude « VIH/SIDA, traitements antirétroviraux et stigmatisation : Connaissances, perceptions et attitudes des enfants à Bobo- Dioulasso et Dafinso (Burkina Faso) », menée auprès d’enfants scolarisés et non scolarisés âgés de 7 à 15 ans. Ces dessins ont été́ associés à un commentaire de l’enfant et à une collecte systématique des données sociodémographiques
3) Sénégal – 2023-2015 : 75 dessins collectés dans le cadre d’une étude pilote sur l’information en santé et l’éducation thérapeutique d’enfants et de jeunes vivant avec le VIH ([9-16 ans]. Ces dessins ont été́ associés à des entretiens semi-directifs et des observations.
L’article sera structuré en 3 parties :
-Afin de permettre de situer les productions graphiques des enfants dans divers contextes variés, la première proposera une analyse historique et socioculturelle du dessin d’enfant dans l’enquête en sciences sociales.
-La deuxième partie décrira de façon didactique et critique les différents usages qui peuvent être faits du dessin. Seront ainsi décrits le rôle d’ice breaker, de support narratif et de source d’information alternative permettant une prise en compte plus fine du vécu des enfants et de leurs mondes enfantins. Ces différents points seront abordés en tenant compte des spécificités d’âge, de sexe et des facteurs socio- économiques qui peuvent influencer le rapport des enfants au dessin, sa réalisation, voire même la nature de la production graphique, les capacités graphiques des enfants évoluant en fonction des stades de développement psychocognitif.
-La troisième partie présentera un ensemble de « ficelles » [3] issues des expériences de terrain, venant éclairer les aspects pratiques de l’usage du dessin. Seront notamment décrits les aspects relatifs au matériel utilisé (types de crayon utilisés, variété́ des couleurs, les types de papier...), à la gestion du temps, la conservation des dessins (archivage, scan...) ou encore, la prise en compte de biais potentiels, comme le « biais de contagion » qui peut advenir lorsque les enfants dessinant côte à côte, copient l’un sur l’autre.
Méthodes visuelles dans les enquêtes avec des adolescent·e·s migrant en Afrique de l'Ouest : avantages et limites de photovoice
Méthodes visuelles dans les enquêtes avec des adolescent·e·s migrant en Afrique de l'Ouest : avantages et limites de photovoice
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
THORSEN Dorte, Institute of Development Studies (Brighton)
Auteur 1 - Email
D.Thorsen@ids.ac.uk
Auteur 2 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
JACQUEMIN Mélanie, IRD - LISST-CAS (Toulouse)
Auteur 2 - Email
melanie.jacquemin@ird.fr
Résumé
Dans les recherches en sciences sociales sur le travail et les migrations des enfants, notamment dans les pays du Sud, il existe désormais une reconnaissance déjà un peu ancienne des potentialités spécifiques de l’approche centrée sur les enfants (Bonnet et al., 2006 ; Young & Barrett, 2001). Les travaux socio-ethnographiques que nous avons menés depuis vingt ans avec des enfants et des adolescent·e·s au travail – respectivement en Côte d’Ivoire (Jacquemin, 2004 ; 2012) et au Burkina Faso (Thorsen, 2006 ; Hashim & Thorsen, 2011) puis conjointement au Sénégal depuis 2017 – s’inscrivent dans les débats scientifiques qui, dans la lignée des Childhood studies, prennent empiriquement appui sur l’expérience et le point de vue des enfants migrants au travail, pour questionner voire renouveler les cadres théoriques et les approches institutionnelles.
Cet article propose de développer une rétrospective réflexive sur nos méthodologies d’enquête avec des enfants travailleurs migrants (filles et garçons) en Afrique de l’Ouest, et le type de connaissances qu’elles ont produites sur la diversité et les composantes de leur vécu, de leurs expériences, de leurs aspirations. Pour cela, nous prendrons spécifiquement appui sur l’expérimentation de l’outil photovoice que nous avons placé au centre du dispositif participatif d’enquête pour une recherche que nous menons depuis 2017 avec des adolescent·e·s migrant·e·s au travail à Ziguinchor (Sénégal) .
Nous interrogerons tout d'abord les différents enjeux que pose la co-construction d’une recherche avec des enfants, en termes d’éthique des conditions de production, d’adaptation des outils d’enquête, de qualité des données produites et de représentativité. Pour diverses raisons qui seront explicitées, les adolescent·e·s qui ont participé à notre enquête à Ziguinchor n’ont pas été impliqués à l’étape de la conception de la recherche, ils n’ont pas non plus pris part comme "enquêteurs" ou enquêtrices à la collecte des données. C'est exclusivement au niveau des procédés de production des données que la dimension participative a pris une place centrale : en expérimentant des outils participatifs et en particulier le photovoice comme support à des entretiens individuels et en assurant un temps long d'explication de nos objectifs de recherche et de ces outils, nous visions à obtenir une participation libre et librement consentie, et à susciter une position de co-acteur ou co-actrice dans la production de l'information, mais sous notre supervision.
Dans un deuxième temps, nous décrirons les conditions matérielles, temporelles et éthiques dans lesquelles nous avons utilisé l’outil photovoice comme support visuel à des entretiens individuels approfondis pour éclairer nos questions de recherche sur le quotidien d’adolescent·e·s migrant·e·s au travail, leur cadre relationnel, leur parcours biographique, leurs représentations – notamment du futur et de leurs projets. Comme Mizen et Ofusi Kusi (2007) l'ont valorisé dans leur étude sur l’expérience d’enfants en situation de rue au Ghana, ou Johnson (2011) dans des orphelinats au Kenya, employer ce type de méthode visuelle avec des enfants permet incontestablement d’ouvrir des points de discussion imprévisibles et d'accéder à certaines pratiques au-delà des discours produits en situation plus classique d'entretien. Nous montrerons ainsi les performances du photovoice en référence à l’objet et au contexte de nos enquêtes à Ziguinchor, en orientant également l’analyse sur les bénéfices dont il est porteur en termes de temporalité du terrain et de remodelage des rapports sociaux dans la relation d’enquête.
Cet article propose aussi de problématiser davantage la perception du photovoice comme "facilitateur de terrain". Nous publierons par exemple quelques séries de photos prises par les adolescent·e·s pour mettre en évidence le fait que ces supports visuels peuvent induire des interprétations erronées (Ennew, 2003) : le risque est évident si les photos sont déconnectées du discours produit par leurs auteur·e·s en situation entretien. Le photovoice est un outil performant en sciences sociales à condition que le dispositif d'enquête prévoie de baliser l'image comme discours, et que l'image soit immanquablement accompagnée du discours produit sur l'image. Mais le risque interprétatif n'est pas entièrement évacué par le simple fait d'associer image et discours, car ce dernier peut toujours se limiter à un registre superficiel ou normatif. À partir d'exemples concrets, cet article veut ainsi souligner l'importance pour les enquêteurs et enquêtrices en charge des entretiens réalisés avec les supports photo, non seulement d'être formés aux méthodes de l'entretien qualitatif, mais aussi de pouvoir mobiliser un ensemble de connaissances contextuelles et de savoirs empiriques préalables sur les objets et questions de recherche abordés.
Finalement, nous souhaiterions dans ce dossier contribuer aux réflexions contemporaines sur les spécificités des enquêtes avec des enfants ou des adolescent·e·s, à partir d'une réflexion critique sur les apports et limites du photovoice pour l'ethnographie "child centered" en contexte de pauvreté et de forte mobilité.
Cet article propose de développer une rétrospective réflexive sur nos méthodologies d’enquête avec des enfants travailleurs migrants (filles et garçons) en Afrique de l’Ouest, et le type de connaissances qu’elles ont produites sur la diversité et les composantes de leur vécu, de leurs expériences, de leurs aspirations. Pour cela, nous prendrons spécifiquement appui sur l’expérimentation de l’outil photovoice que nous avons placé au centre du dispositif participatif d’enquête pour une recherche que nous menons depuis 2017 avec des adolescent·e·s migrant·e·s au travail à Ziguinchor (Sénégal) .
Nous interrogerons tout d'abord les différents enjeux que pose la co-construction d’une recherche avec des enfants, en termes d’éthique des conditions de production, d’adaptation des outils d’enquête, de qualité des données produites et de représentativité. Pour diverses raisons qui seront explicitées, les adolescent·e·s qui ont participé à notre enquête à Ziguinchor n’ont pas été impliqués à l’étape de la conception de la recherche, ils n’ont pas non plus pris part comme "enquêteurs" ou enquêtrices à la collecte des données. C'est exclusivement au niveau des procédés de production des données que la dimension participative a pris une place centrale : en expérimentant des outils participatifs et en particulier le photovoice comme support à des entretiens individuels et en assurant un temps long d'explication de nos objectifs de recherche et de ces outils, nous visions à obtenir une participation libre et librement consentie, et à susciter une position de co-acteur ou co-actrice dans la production de l'information, mais sous notre supervision.
Dans un deuxième temps, nous décrirons les conditions matérielles, temporelles et éthiques dans lesquelles nous avons utilisé l’outil photovoice comme support visuel à des entretiens individuels approfondis pour éclairer nos questions de recherche sur le quotidien d’adolescent·e·s migrant·e·s au travail, leur cadre relationnel, leur parcours biographique, leurs représentations – notamment du futur et de leurs projets. Comme Mizen et Ofusi Kusi (2007) l'ont valorisé dans leur étude sur l’expérience d’enfants en situation de rue au Ghana, ou Johnson (2011) dans des orphelinats au Kenya, employer ce type de méthode visuelle avec des enfants permet incontestablement d’ouvrir des points de discussion imprévisibles et d'accéder à certaines pratiques au-delà des discours produits en situation plus classique d'entretien. Nous montrerons ainsi les performances du photovoice en référence à l’objet et au contexte de nos enquêtes à Ziguinchor, en orientant également l’analyse sur les bénéfices dont il est porteur en termes de temporalité du terrain et de remodelage des rapports sociaux dans la relation d’enquête.
Cet article propose aussi de problématiser davantage la perception du photovoice comme "facilitateur de terrain". Nous publierons par exemple quelques séries de photos prises par les adolescent·e·s pour mettre en évidence le fait que ces supports visuels peuvent induire des interprétations erronées (Ennew, 2003) : le risque est évident si les photos sont déconnectées du discours produit par leurs auteur·e·s en situation entretien. Le photovoice est un outil performant en sciences sociales à condition que le dispositif d'enquête prévoie de baliser l'image comme discours, et que l'image soit immanquablement accompagnée du discours produit sur l'image. Mais le risque interprétatif n'est pas entièrement évacué par le simple fait d'associer image et discours, car ce dernier peut toujours se limiter à un registre superficiel ou normatif. À partir d'exemples concrets, cet article veut ainsi souligner l'importance pour les enquêteurs et enquêtrices en charge des entretiens réalisés avec les supports photo, non seulement d'être formés aux méthodes de l'entretien qualitatif, mais aussi de pouvoir mobiliser un ensemble de connaissances contextuelles et de savoirs empiriques préalables sur les objets et questions de recherche abordés.
Finalement, nous souhaiterions dans ce dossier contribuer aux réflexions contemporaines sur les spécificités des enquêtes avec des enfants ou des adolescent·e·s, à partir d'une réflexion critique sur les apports et limites du photovoice pour l'ethnographie "child centered" en contexte de pauvreté et de forte mobilité.
Commentaires / questions
Toutes nos excuses par avance aux lecteurs et lectrices: ce premier draft n'est pas pleinement rédigé, le style n'est pas beau et nos idées sont en partie formulées sous forme de notes. Merci par avance pour vos commentaires !
Pourquoi les enfants parlent à l’ethnologue ? Les ressources méthodologiques de l’engagement
Pourquoi les enfants parlent à l’ethnologue ? Les ressources méthodologiques de l’engagement
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
MORANO Alison - Institut des Mondes Africains - Aix Marseille Université
Auteur 1 - Email
alison.morano@hotmail.fr
Résumé
S’il existe une pluralité de pratiques ethnographiques, l’enquête auprès d’enfants et d’adolescents, considérés en tant qu’acteurs sociaux, induit un protocole méthodologique singulier, sans cesse en mouvement. Ma recherche en doctorat, menée en parallèle avec un emploi d’enseignante contractuelle dans un collège de Mamoudzou, porte sur l’enfance en danger à Mayotte et les catégories parfois poreuses de ces jeunesses plurielles et précaires : mineurs isolés/non-scolarisés/demandeurs d’asile/errants. Dans l’esprit des Childhood studies, cette recherche s’inscrit dans le courant anthropologique centré sur l’agenceïté et, particulièrement ici, dans une réflexion sur le statut de la parole de l’enfant.
Mayotte est sans nul doute un « terrain sensible » (Bouillon, Fresia, Tallio, 2005) fait d’incertitudes et de réajustements face à des enfants violentés qui se livrent peu. Mener une enquête ethnographique à Mayotte auprès de populations juvéniles précarisées et en souffrance, dans un contexte de tensions socioculturelles, politiques et sécuritaires, contraint et conduit à élaborer une méthodologie spécifique, en constant ajustement. Ainsi, les « ratés » du terrain m’ont conduite à une révision méthodologique et réflexive sur les enquêtes dites impossibles. En effet, les difficultés d’accès à la parole des enfants, notamment les « enfants de la rue » et les enfants de la violence, firent l’objet d’une réorientation (Champy, 2016 ; Ceriana Mayneri, 2013, 2015). À cet égard, l’implication dans le travail associatif et les stages en institution constituent une entrée privilégiée. Elle permet d’épouser les formes du « dialogue ordinaire » (Althabe, 1990) en décalage avec la posture, à distance, endossée par les figures d’autorité en présence (éducateurs, etc.).
Ethnographier des enfants en souffrance, aux parcours souvent traumatiques, et dans un contexte sécuritaire tendu, est rendu possible par ces immersions où la figure de l’anthropologue est délaissée, prix de l’accès à la parole des enfants. Dans un contexte de violence administrative néocoloniale où les mzungu (les Blancs) suscitent parfois la méfiance, nous proposons d’analyser ici, à la manière d’Andras Zempléni, les raisons pour lesquelles l’enfant parle à l’ethnologue. Si l’ethnographie conduit au franchissement d’une frontière culturelle (Laurent, 2009), ici l’expérience ethnographique devient indissociable d’un engagement sur le terrain. En effet, bien que la médiation d’un intermédiaire soit de mise, l’apprentissage et la pratique de la langue locale (shimaoré) ainsi que l’installation sur place facilitent la mise en confiance des enfants. La pratique de l’entretien se reconfigure autour de nouveaux savoir-faire, tels que l’adaptation du registre de langage. Au regard de cette expérience riche de plusieurs années d’enquêtes à Mayotte, depuis 2015, nous analyserons les dimensions sensibles et les contraintes techniques d’une recherche qui repose en partie sur la parole et les modes d’expressions infantiles de la souffrance.
Mayotte est sans nul doute un « terrain sensible » (Bouillon, Fresia, Tallio, 2005) fait d’incertitudes et de réajustements face à des enfants violentés qui se livrent peu. Mener une enquête ethnographique à Mayotte auprès de populations juvéniles précarisées et en souffrance, dans un contexte de tensions socioculturelles, politiques et sécuritaires, contraint et conduit à élaborer une méthodologie spécifique, en constant ajustement. Ainsi, les « ratés » du terrain m’ont conduite à une révision méthodologique et réflexive sur les enquêtes dites impossibles. En effet, les difficultés d’accès à la parole des enfants, notamment les « enfants de la rue » et les enfants de la violence, firent l’objet d’une réorientation (Champy, 2016 ; Ceriana Mayneri, 2013, 2015). À cet égard, l’implication dans le travail associatif et les stages en institution constituent une entrée privilégiée. Elle permet d’épouser les formes du « dialogue ordinaire » (Althabe, 1990) en décalage avec la posture, à distance, endossée par les figures d’autorité en présence (éducateurs, etc.).
Ethnographier des enfants en souffrance, aux parcours souvent traumatiques, et dans un contexte sécuritaire tendu, est rendu possible par ces immersions où la figure de l’anthropologue est délaissée, prix de l’accès à la parole des enfants. Dans un contexte de violence administrative néocoloniale où les mzungu (les Blancs) suscitent parfois la méfiance, nous proposons d’analyser ici, à la manière d’Andras Zempléni, les raisons pour lesquelles l’enfant parle à l’ethnologue. Si l’ethnographie conduit au franchissement d’une frontière culturelle (Laurent, 2009), ici l’expérience ethnographique devient indissociable d’un engagement sur le terrain. En effet, bien que la médiation d’un intermédiaire soit de mise, l’apprentissage et la pratique de la langue locale (shimaoré) ainsi que l’installation sur place facilitent la mise en confiance des enfants. La pratique de l’entretien se reconfigure autour de nouveaux savoir-faire, tels que l’adaptation du registre de langage. Au regard de cette expérience riche de plusieurs années d’enquêtes à Mayotte, depuis 2015, nous analyserons les dimensions sensibles et les contraintes techniques d’une recherche qui repose en partie sur la parole et les modes d’expressions infantiles de la souffrance.
Prendre l'objet à bras le corps
Prendre l'objet à bras le corps
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Nicoletta Diasio Université de Strasbourg UMR 7367 Dynamiques européennes
Auteur 1 - Email
nicoletta.diasio@misha.fr
Résumé
Prendre l’objet à bras le corps
L’intérêt pour la culture matérielle n’est pas récent, il constitue un des fils rouges de l’histoire des sciences sociales : expression des « traits spirituels d’une civilisation » (Pitt-Rivers 1875), accès concret aux logiques de classement et aux catégories culturelles d’une société (Douglas 1979), support pour l’analyse des pratiques et des chaînes opératoires (Cresswell 1996), matière qui fait les sujets à travers des engagements corporels et des conduites sensori-motrices (Warnier 1999). L’objectif de cette contribution est de prendre au sérieux la place des objets dans le terrain ethnographique avec des enfants et des jeunes, de faire un bilan sur la manière dont les objets « font » l’enfance et les enfants et d’analyser comment ils offrent des prises à l’anthropologue ou au sociologue pour avoir accès à des terrains sensibles, notamment lorsqu’il s’agit d’étudier l’expérience d’un corps en transformation ou malade.
Nous nous baserons sur deux recherches. La première, financée par l’Agence Nationale de la Recherche et menée entre 2010 et 2014, a porté sur les changements corporels et les passages d’âge entre 9 et 13 ans en France et en Italie . La deuxième est une recherche en cours, financée par l’IUF, sur « Grandir avec une maladie chronique ou une anomalie chromosomique : vers une anthropologie de l’incertitude » auprès d’enfants et adolescents atteints de diabète de type 1 et de syndrome de Turner. Dans les deux recherches, les objets ont eu une fonction de médiation permettant d’aborder des questions difficiles à partager, d’autant plus lorsque la relation, comme celle avec la chercheure, est marquée par une différence d’âge, de genre et de position statutaire. Nous analyserons donc des dispositifs d’enquête mis en place sur les deux terrains (ex. la visite guidée des lieux de vie et des objets meublant l’espace quotidien, la manipulation des dispositifs de soin ou des produits de toilette, mise en image par les enfants des objets qui sont importants pour eux…) afin de rendre les enfants protagonistes de la recherche et de confirmer l’ethnographe dans la place de celle ou celui qui vient chercher un savoir auprès d’eux.
Cette dimension méthodologique n’est toutefois pas séparable d’une posture épistémologique, à savoir l’idée que sujets et objets se constituent réciproquement par un dialogue intense de dimensions symboliques et matérielles (Diasio 2004, Brougère 2012, Garnier 2012). Nous montrerons ainsi que « prendre l’objet à bras le corps » signifie faire dialoguer des orientations diverses au sein de l’anthropologie de la culture matérielle (Diasio 2009), depuis une approche plus centrée sur la sémiologie des objets et la manière dont ils signifient des classements culturels, des stratifications et des hiérarchies sociales (Douglas et Isherwood 1979), à une autre focalisée sur l’incorporation, sur la matérialité et les appropriations (Julien et Rosselin 2009), à la dimension de la longue durée et des processus d’alternance entre familiarisation et marchandisation (Kopytoff 1986). Prendre au sérieux les objets signifie s’arrêter sur les actions qu’ils permettent, sur les compétences qu’ils mobilisent, sur la sensorialité qu’ils suscitent. Il s’agit sur le terrain de prêter attention autant aux qualités formelles des objets, qu’aux aux engagements corporels qu’ils suscitent et aux prises qu’ils fournissent à l’action des enfants. De ce fait, le passage par la culture matérielle et ses usages permet de dénaturaliser l’enfance et l’adolescence et d’affranchir les plus jeunes d’un ensemble de stéréotypes et d’assignations adultes sur leur vie sociale (Langer 2005).
L’intérêt pour la culture matérielle n’est pas récent, il constitue un des fils rouges de l’histoire des sciences sociales : expression des « traits spirituels d’une civilisation » (Pitt-Rivers 1875), accès concret aux logiques de classement et aux catégories culturelles d’une société (Douglas 1979), support pour l’analyse des pratiques et des chaînes opératoires (Cresswell 1996), matière qui fait les sujets à travers des engagements corporels et des conduites sensori-motrices (Warnier 1999). L’objectif de cette contribution est de prendre au sérieux la place des objets dans le terrain ethnographique avec des enfants et des jeunes, de faire un bilan sur la manière dont les objets « font » l’enfance et les enfants et d’analyser comment ils offrent des prises à l’anthropologue ou au sociologue pour avoir accès à des terrains sensibles, notamment lorsqu’il s’agit d’étudier l’expérience d’un corps en transformation ou malade.
Nous nous baserons sur deux recherches. La première, financée par l’Agence Nationale de la Recherche et menée entre 2010 et 2014, a porté sur les changements corporels et les passages d’âge entre 9 et 13 ans en France et en Italie . La deuxième est une recherche en cours, financée par l’IUF, sur « Grandir avec une maladie chronique ou une anomalie chromosomique : vers une anthropologie de l’incertitude » auprès d’enfants et adolescents atteints de diabète de type 1 et de syndrome de Turner. Dans les deux recherches, les objets ont eu une fonction de médiation permettant d’aborder des questions difficiles à partager, d’autant plus lorsque la relation, comme celle avec la chercheure, est marquée par une différence d’âge, de genre et de position statutaire. Nous analyserons donc des dispositifs d’enquête mis en place sur les deux terrains (ex. la visite guidée des lieux de vie et des objets meublant l’espace quotidien, la manipulation des dispositifs de soin ou des produits de toilette, mise en image par les enfants des objets qui sont importants pour eux…) afin de rendre les enfants protagonistes de la recherche et de confirmer l’ethnographe dans la place de celle ou celui qui vient chercher un savoir auprès d’eux.
Cette dimension méthodologique n’est toutefois pas séparable d’une posture épistémologique, à savoir l’idée que sujets et objets se constituent réciproquement par un dialogue intense de dimensions symboliques et matérielles (Diasio 2004, Brougère 2012, Garnier 2012). Nous montrerons ainsi que « prendre l’objet à bras le corps » signifie faire dialoguer des orientations diverses au sein de l’anthropologie de la culture matérielle (Diasio 2009), depuis une approche plus centrée sur la sémiologie des objets et la manière dont ils signifient des classements culturels, des stratifications et des hiérarchies sociales (Douglas et Isherwood 1979), à une autre focalisée sur l’incorporation, sur la matérialité et les appropriations (Julien et Rosselin 2009), à la dimension de la longue durée et des processus d’alternance entre familiarisation et marchandisation (Kopytoff 1986). Prendre au sérieux les objets signifie s’arrêter sur les actions qu’ils permettent, sur les compétences qu’ils mobilisent, sur la sensorialité qu’ils suscitent. Il s’agit sur le terrain de prêter attention autant aux qualités formelles des objets, qu’aux aux engagements corporels qu’ils suscitent et aux prises qu’ils fournissent à l’action des enfants. De ce fait, le passage par la culture matérielle et ses usages permet de dénaturaliser l’enfance et l’adolescence et d’affranchir les plus jeunes d’un ensemble de stéréotypes et d’assignations adultes sur leur vie sociale (Langer 2005).
Production et circulation des savoirs sur le COVID-19 à travers les « Lettres de la Quarantaine »
Production et circulation des savoirs sur le COVID-19 à travers les « Lettres de la Quarantaine »
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Michela Villani, Haute école du Travail social, Fribourg, Suisse, michela.villani@hefr.ch
Résumé
La crise sanitaire de la COVID-19 a mis en relief de nombreuses inégalités sociales (Oliveira 2000). Si l’événement a eu des répercussions globales, les individus ont vécu des expériences de la pandémie et du confinement très différentes. Les individus ont été confrontés aux injonctions et aux décisions politiques les plus disparates. Nombreuses institutions, telles les écoles, ont été fermées. Le temps d’arrêt a par ailleurs varié selon les contextes nationaux ; dans certains pays le confinement a duré plusieurs mois, voire n’a jamais été suspendu. Les enfants ont été témoins de changements radicaux dans leur vie quotidienne durant cette période (Stoecklin 2020). Comment ont-ils vécu ces changements ? Qu’ont-ils compris du flux continu d’informations sur la pandémie et sur la crise en cours ? Comment perçoivent-ils leur monde – et le monde en général – après cet événement ? Telles sont les questions qui fondent cette enquête qualitative.
Saisir le capital social d’enfants placés : l’utilisation de sociogrammes individuels pour des traitements quantitatifs et qualitatifs riches d’enseignements
Saisir le capital social d’enfants placés : l’utilisation de sociogrammes individuels pour des traitements quantitatifs et qualitatifs riches d’enseignements
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Kerivel Aude, Laboratoire VIPS, Université du Mans
Auteur 1 - Email
aude.kerivel@hotmail.fr
Auteur 2 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Dubéchot Patrick, Laboratoire CREAS
Auteur 2 - Email
patrick.dubechot@cegetel.net
Auteur 3 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Cyril Dheilly, Laboratoire CIRNEF, Université de Rouen
Auteur 3 - Email
cyriltigers@hotmail.com
Auteur 4 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Volha Vysotskaya, Laboratoire FHSE, Université du Luxembourg
Auteur 4 - Email
olgavolha@gmail.com
Auteur 5 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Samuel James, INJEP
Auteur 5 - Email
jamessamuel@hotmail.fr
Résumé
Objectiver le capital social d’enfants et de jeunes : un double défi méthodologique
L’hypothèse formulée selon laquelle les jeunes pourvus de capital social au moment de leur fin de prise en charge ASE s’en sortent mieux que ceux qui en sont dépourvus (Kerivel, 2015) nous a conduit, dans le cadre de cette recherche-action, à analyser le capital social, tel qu’il a été défini par Pierre Bourdieu, des enfants et adolescents entre 3 et 19 ans. Pour parvenir à ce double défi méthodologique : quantifier et qualifier les liens sociaux qui peuvent potentiellement être des appuis est loin d’être évident, et plus encore lorsque les enquêtés sont des enfants et des adolescents. Les enquêtes sur les liens sociaux, l’amitié, l’entourage, montrent la difficulté de ce type de recueil de données.
Un outil inspiré du sociogramme à l’échelle des enfants et des jeunes : une démarche inductive
Les travaux portant sur la socialisation primaire (Darmon, 2006) et secondaire, sur les espaces de socialisation et les groupes d’appartenances, ainsi que les hypothèses relatives aux institutions totales (Goffman) et parfois enfermantes des structures sociales nous ont conduit à nous inspirer de la sociométrie. Nous nous sommes notamment inspiré de la mesure des relations sociales au sein d’un même groupe développé par Jacob Lévy Moreno (1934). Dans notre travail de recherche nous avons donc proposé à chaque enfant ou adolescent de remplir ou faire remplir un outil que nous appelons sociogramme individuel composé d’un cercle central où l’enfant/l’adolescent doit inscrire son nom, lequel est entouré de 9 autres cercles représentant les espaces de socialisation : village d’enfants ou foyer, famille, scolarité actuelle, ancienne école, vacances, ancien lieu de placement, loisir, voisinage et autres. La question qui leur a été posée est la suivante : “Peux-tu écrire les prénoms des personnes importantes pour toi dans les bulles qui correspondent aux endroits où tu les as rencontrées ? Précise qui est cette personne par rapport à toi (ex : parent, éducateur, ami, copain). Tu peux ajouter autre chose dans la bulle vide si besoin.” .
Des données croisées avec plusieurs autres méthodes
Les données recueillies via cet outil ont été croisées avec d’autres méthodes de recueil de données : des questionnaires classiques remplis par les éducateurs référents, des entretiens menés avec les enfants et adolescents ainsi qu’avec les professionnels qui les entourent.
Un traitement quantitatif
Le traitement quantitatif des 148 sociogrammes a permis de repérer le « nombre de personnes importantes » et leur identité (adultes, professionnels, pairs, enfants…), ainsi que le nombre et la nature des groupes d’appartenance, selon l’âge, le sexe, l’ancienneté dans le lieu de placement et d’autres variables. À partir de là, des typologies de relations ont été construites, permettant de distinguer les enfants et adolescents ayant un réseau de relation restreint et exclusif, dense et exclusif, retreint et pluriel et dense et pluriel.
Un traitement qualitatif
Le traitement qualitatif et le croisement avec les données recueillies à partir d’autres outils a permis l’élaboration d’études de cas rendant compte de la diversité des situations et de la prudence à adopter pour analyser les sociogrammes individuels.
Des premiers résultats prometteurs (et des limites)
L’article vise à présenter les coulisses de cette recherche en cours (il est prévu que les outils de recueil de données soient passés à chaque début d’année scolaire, pendant les trois prochaines années), les interrogations des chercheurs et les évolutions des outils, de l’analyse et de la problématique. Nous montrerons notamment comment il a été possible de repérer des situations de réseaux de relations fragiles, parce que composés uniquement d’adultes inscrits dans une relation professionnelle, ou de situations plus stables, où les réseaux sociaux de l’enfant ou du jeune sont composés de pairs et d’adultes dans des groupes d’appartenance variés, indépendants et témoignant d’une possibilité et d’une capacité à maintenir des liens sur le long terme.
L’hypothèse formulée selon laquelle les jeunes pourvus de capital social au moment de leur fin de prise en charge ASE s’en sortent mieux que ceux qui en sont dépourvus (Kerivel, 2015) nous a conduit, dans le cadre de cette recherche-action, à analyser le capital social, tel qu’il a été défini par Pierre Bourdieu, des enfants et adolescents entre 3 et 19 ans. Pour parvenir à ce double défi méthodologique : quantifier et qualifier les liens sociaux qui peuvent potentiellement être des appuis est loin d’être évident, et plus encore lorsque les enquêtés sont des enfants et des adolescents. Les enquêtes sur les liens sociaux, l’amitié, l’entourage, montrent la difficulté de ce type de recueil de données.
Un outil inspiré du sociogramme à l’échelle des enfants et des jeunes : une démarche inductive
Les travaux portant sur la socialisation primaire (Darmon, 2006) et secondaire, sur les espaces de socialisation et les groupes d’appartenances, ainsi que les hypothèses relatives aux institutions totales (Goffman) et parfois enfermantes des structures sociales nous ont conduit à nous inspirer de la sociométrie. Nous nous sommes notamment inspiré de la mesure des relations sociales au sein d’un même groupe développé par Jacob Lévy Moreno (1934). Dans notre travail de recherche nous avons donc proposé à chaque enfant ou adolescent de remplir ou faire remplir un outil que nous appelons sociogramme individuel composé d’un cercle central où l’enfant/l’adolescent doit inscrire son nom, lequel est entouré de 9 autres cercles représentant les espaces de socialisation : village d’enfants ou foyer, famille, scolarité actuelle, ancienne école, vacances, ancien lieu de placement, loisir, voisinage et autres. La question qui leur a été posée est la suivante : “Peux-tu écrire les prénoms des personnes importantes pour toi dans les bulles qui correspondent aux endroits où tu les as rencontrées ? Précise qui est cette personne par rapport à toi (ex : parent, éducateur, ami, copain). Tu peux ajouter autre chose dans la bulle vide si besoin.” .
Des données croisées avec plusieurs autres méthodes
Les données recueillies via cet outil ont été croisées avec d’autres méthodes de recueil de données : des questionnaires classiques remplis par les éducateurs référents, des entretiens menés avec les enfants et adolescents ainsi qu’avec les professionnels qui les entourent.
Un traitement quantitatif
Le traitement quantitatif des 148 sociogrammes a permis de repérer le « nombre de personnes importantes » et leur identité (adultes, professionnels, pairs, enfants…), ainsi que le nombre et la nature des groupes d’appartenance, selon l’âge, le sexe, l’ancienneté dans le lieu de placement et d’autres variables. À partir de là, des typologies de relations ont été construites, permettant de distinguer les enfants et adolescents ayant un réseau de relation restreint et exclusif, dense et exclusif, retreint et pluriel et dense et pluriel.
Un traitement qualitatif
Le traitement qualitatif et le croisement avec les données recueillies à partir d’autres outils a permis l’élaboration d’études de cas rendant compte de la diversité des situations et de la prudence à adopter pour analyser les sociogrammes individuels.
Des premiers résultats prometteurs (et des limites)
L’article vise à présenter les coulisses de cette recherche en cours (il est prévu que les outils de recueil de données soient passés à chaque début d’année scolaire, pendant les trois prochaines années), les interrogations des chercheurs et les évolutions des outils, de l’analyse et de la problématique. Nous montrerons notamment comment il a été possible de repérer des situations de réseaux de relations fragiles, parce que composés uniquement d’adultes inscrits dans une relation professionnelle, ou de situations plus stables, où les réseaux sociaux de l’enfant ou du jeune sont composés de pairs et d’adultes dans des groupes d’appartenance variés, indépendants et témoignant d’une possibilité et d’une capacité à maintenir des liens sur le long terme.
Commentaires / questions
Bonjour à tous, Ce document est un premier jet, trop long, à recentrer. Nous vous remercions d'avance pour votre lecture et tous les commentaires qui pourront nous aider à avancer. Merci et à la semaine prochaine!
Savoir écouter la bonne honte. Saisir l’agencéité et la parole des enfants par une approche qualitative au Sénégal
Savoir écouter la bonne honte. Saisir l’agencéité et la parole des enfants par une approche qualitative au Sénégal
Fichier : SavoirEcouterLaBonneHonteSaisirLagencei_file_1611006699186_savoir_ecouter_la_bonne_honte_draft_nicolas_mabillard_24.01.2021.pdf
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Auteur 1 - Nom, prénom(s) et attache(s) institutionnelle(s)
Mabillard, Nicolas - Institut für Afrikawissenschaften, Universität Wien
Auteur 1 - Email
nicolas.mabillard@unige.ch
Résumé
Premièrement, je rappelle et contribue dans cet article au débat sur l’agencéité en cours depuis déjà dix ans dans le champ de la sociologie de l’enfance appliquée à l’étude de sociétés d’Afrique sub-saharienne. Deuxièmement, Je procède à un retour réflexif sur mon usage de méthodes et de techniques d’enquête qualitatives à Dakar, au Sénégal : rôles des assistant·e·s dans les enquêtes et les entretiens semi-directifs, posture de chercheur·e comme « adulte au pouvoir amoindri », enjeux du genre en situation d’enquête. Ma contribution s’appuie sur des enquêtes de terrain menées à Dakar et à Saint-Louis, au Sénégal durant la préparation de ma thèse. J’ai étudié le travail des enfants dans ces deux villes pendant une année. J’ai mené des séances d’observation directe des activités d’enfants travailleur·se·s dans les ateliers où il·elle·s apprennent un métier. En complément, j’ai effectué plus de cent entretiens qualitatifs semi-directifs avec eux·elles. Les difficultés que j’ai rencontré à établir des relations d’enquêtes avec les enfants où pouvoir s’exprimer sur des sujets considérés comme privés était possible me servent à interroger les aspects méthodologiques de l’enquête qualitative en fonction de critères culturels et éthiques dominants dans les milieux populaires dakarois : la perception et la performation de la honte et de l’honneur, les relations de pouvoir selon des critères d’aînesse et les conventions d’embellissement du discours public conventionnelles.
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